Commission Petits éditeurs de septembre 2014

BiB92 - Commission Petits éditeurs Septembre 2014

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Sélection septembre 2014

Petits éditeurs Bib92 – Sélection septembre 2014

Andersson, Per J. - la véritable histoire d’un Indien qui fit 7000 km à vélo par amour. - Fleuves éditions. - 352 p. - 19 €

Pikej est, comme beaucoup d’Indiens, un pestiféré, un intouchable. Indigne de vivre et de respirer le même air que les autres. Lorsque ce garçon décide de se prendre en main, sa vie change du tout au tout. Ses talents de dessinateur et de portraitiste lui font gravir les échelons de la société. Pikej est enfin admiré. Alors, lorsqu’il rencontre par hasard une touriste étrangère dont il tombe éperdûment amoureux, c’est l’apothéose… Il la rejoint en Suède en accomplissant ce que peu d’hommes auraient fait à sa place : 7000 km en vélo par amour !
Ce roman est la trajectoire invraisemblable et touchante d’un Indien qui se bat chaque jour de sa vie pour sa liberté et celle de son peuple. Bien que certains passages soient assez inégaux et que l’auteur n’accorde que peu la parole à la promise de Pikej, on entre très vite dans ce roman et on passe un agréable moment de lecture.

Commère, Hervé. - Imagine le reste. - Fleuve éditions. - 418 p. - 20 €

Roman construit avec un prologue et quatre chapitres : Fred et Karl, Nino, Serge et tous les quatre.
Fred et Karl, amis depuis l'école primaire, enchaînent les mauvais coups pour s'enrichir et quitter Calais, ses HLM, sa vie terne. Ils essaient de s'en sortir, mais n'arrivent pas à garder un travail très longtemps. Tous deux sont fous amoureux de Carole, qui les quittera du jour au lendemain, mais que, eux, ne pourront oublier. Fred travaillera pour Serge Cimard, un escroc d'envergure. Congédié, il le suivra et lui volera dans sa villa deux millions d'euros (vrais ? faux ?) dans un sac en cuir brun. Puis, Fred et Karl partiront à la recherche de Carole à Bordeaux. Sous leur apparence de loubards, tous deux sont des personnes sensibles.
Dans le prologue, il est question de la disparition de Nino, un jeune chanteur prometteur d'un nouveau groupe de rock aux cheveux rouges naturels. Où est-il passé ? On le retrouvera au chapitre suivant, car il connaît Karl. Nino est un personnage qui n'ose pas aller de l'avant, mais qui va changer au gré de ses rencontres.
Puis, Serge réapparaît ; c'est un homme blessé, qui essaie lui aussi de s'en sortir. Tous les quatre croient diriger leur existence, mais c'est souvent l'inverse qui se produit. « Dans la vie il faut toujours imaginer le reste ». L'auteur nous lance sur une piste ; cependant, l'on n'arrive jamais là où on aurait voulu.

Desjardins, Martine. - L’alliance de sel. - Phébus. - 156 p. - 15 €

Au XIXe siècle, au Canada, dans la province du Québec, une famille originaire d’Irlande exploite une mine de sel gemme particulièrement exceptionnelle, d’une grande pureté. La mine est aujourd’hui fermée, mais l’héritière dirige le domaine d’une main de fer entraînant dans une sorte de folie les servantes, le palefrenier et un maître artisan.
L’univers est baroque, l’écriture fleurie, précise. Une épopée ponctuée de mystères, de personnages imaginaires, de lieux interdits ou secrets. L’atmosphère cependant est tendue, Lily happée par une nécessité impérieuse, une quête éperdue d’absolu nous tire dans une toile déconcertante, amère, où la rancune tient une grande place.
Ce texte vaut d’être lu pour son style et surtout pour ce monde inattendu, cet environnement immaculé, presque aveuglant, abrasif et pour le portrait de cette femme en plein vertige.
Un roman avec beaucoup de caractère.

Dyens, Dominique. - La femme éclaboussée. - Héloïse d’Ormesson, Suspense. - 198 p. - 18 €
Catherine Salernes vit une existence tranquille, rangée, pas passionnante pour deux sous, mais très confortable. Son mari gagne fort bien sa vie, les enfants vont bien, la bonne assure l’intendance quand Catherine s’occupe de sa mercerie dans un quartier chic de Paris. Elle a tout son temps pour être belle et bien habillée. Tout est bousculé quand elle croise Olivier, le locataire de son studio et qu’elle est menacée dans son existence.
Raconté à trois voix : la bonne, l’employé de banque, et celle de Catherine. Rien que pour son style, ce livre vaut le détour. La trame est bien organisée, la tension monte, le devenir de cette femme intéresse le lecteur. C’est un bon roman à suspense, sans prétention certes, mais bien agréable…

Farooki, Roopa. - Le temps des vrais bonheurs. - Gaïa. - Traduit de l’anglais (Pakistan). - 252 p. - 20 €
Un matin, Aruna fugue de chez elle à Londres, et prend un aller direct pour Singapour ! Elle a enfin pris cette décision en lisant les vers d’Hassan, grand poète Bengali. Celui-ci est mourant dans un hôpital à Kuala Lumpur, et regrette à la fin de sa vie certains secrets qu’il a tus, mais surtout le désintérêt, voire la haine, que son fils lui voue. Aruna nous donne les raisons de son retour, qui est lié à sa relation très forte avec son ami d’enfance et grand amour de jeunesse, Jazz. Quant à Hassan, on apprend qu’il n’est autre que le père de Jazz. Chacun cherche des réponses. Ces choses qu’ils ignorent les empêchent d’avancer dans la vie pour Aruna, et de mourir en paix pour Hassan.
L’auteur nous confirme ici son talent (voir Les choses comme je les vois son précédent roman). Avec une très belle écriture tout en délicatesse, elle nous fait vivre ces deux destins croisés.

Fellous, Colette. - Plein été. - Elyzad, Poche. - 187 p. - 9,60 €
L’auteur se laisse aller au jeu des souvenirs qui remontent à sa mémoire d’une façon confuse, aléatoire et sensuelle.
Surtout, elle nous plonge dans la moiteur de la Tunisie en plein été. Elle y a passé son enfance dans une famille difficile, avec une mère dépressive à partir de ses huit ans, résurgence de traumatisme intergénérationnel. Quand le souvenir est trop prégnant, elle le déplace sur un autre, à une autre époque de sa vie, dans un autre lieu. On partage les étés en Espagne, en Toscane pour revenir toujours en Tunisie. Elle y est retournée après l’indépendance, et reçoit en entrant dans son ancien immeuble, un seau d’eau dans les jambes qui la fait remonter encore plus loin dans sa mémoire. Des souvenirs empreints de sensations, comme celles que la petite fille de sept ans ressentait sous les caresses d’un certain Amor de seize ans, juste dit en passant. Il semble que l’auteur soit devenu insatiable de cette nourriture, de ce besoin de revivre ces étés dans des pays chauds.
L’auteur a une façon très personnelle de faire remonter les souvenirs d’indices en indices, toujours des indices de ressenti. C’est un joli récit très intime, plein d’images, d’odeurs, de chaleur et d’amour, mais c’est un foisonnement de moments qui fusent un peu dans tous les sens, avec toujours du non-dit en dessous.

Fortes, Susana. - Le complot Médicis. - Héloïse d’Ormesson. - Traduit de l’espagnol. - 349 p. - 22€
Florence, 1478. Laurent de Médicis réchappe de peu à l’attentat ourdi par une riche famille rivale, les Pazzi, un événement retentissant qui met la ville à feu et à sang.
Florence, de nos jours. La jeune chercheuse en histoire de l’art, Ana Sotomayor, étudie les carnets de notes d’un témoin du drame, le peintre Pierpaolo Masoni, et se passionne pour cette dramatique affaire. Les Pazzi étaient-ils seuls à la manœuvre ? Qui étaient leurs complices ? Et surtout, quel est ce « troisième homme », véritable cerveau du complot ?
Ce livre, fait d’allers-retours entre le quattrocento italien et notre époque, nous plonge dans le monde de l’intrigue, des rivalités politiques et des sociétés secrètes. C’est réussi car bien écrit et documenté. Les chapitres consacrés à la période actuelle sont malgré tout un peu moins intéressants.

Ghahremani, Zohreh. - Un ciel de coquelicots. - BakerStreet. - Traduit de l’américain. - 371 p. - 21€
Ce roman nous plonge dans les dernières années du chah d’Iran, à une époque où la police, la Savak, était féroce avec les moindres velléités d’opposition au régime, une époque où les filles allaient au lycée avec ou sans voile, où la liberté religieuse existait, mais une période où le peuple demandait plus de démocratie et d’égalité.
Deux jeunes filles en sont les héroïnes. Roja vit dans un milieu favorisé et aimant, Shirine vient d’un milieu plus simple, porte le tchador et a une grande indépendance. Sous l’influence de cette dernière et en ouvrant les yeux sur les événements -l’arrestation d’une lycéenne en plein cours- Roja commence à se poser des questions. Cette plongée dans la montée de l’opposition au chah est intéressante, vécue par la base avec le portrait de deux adolescentes, en pleine mutation et sous l’influence d’un professeur qui prend des risques. Shirine est emprisonnée et Roja ne doit sa liberté qu’à la possibilité d’un exil aux Etats-Unis, grâce à l’intervention de son père auprès des autorités. Dans son exil, elle retrouve son ami, Kyan, avec lequel elle entame une nouvelle vie. Elle revient dans l’Iran islamiste à la mort de sa tante, retrouve Shirine qui a beaucoup souffert et est totalement désenchantée de la révolution.
C’est un roman très intéressant et dense. Il est dommage que le point de vue de Shirine, qui s’est vraiment engagée dans la révolution, ne soit pas un plus développé. Les « coquelicots » du titre sont tirés d’un poème perse qui mêle espoir et tristesse.

Grenville, Kate. - Sarah Thornville. - Métaillé. - Traduit de l’anglais (Australie). - 255 p. - 22€
Sarah est l’une des filles d’un ancien bagnard déporté dans le Bush et qui, après avoir purgé sa peine, est devenu propriétaire et exploitant d’un grand domaine. Avec une seconde femme intransigeante et arriviste, il mène une vie rangée et laborieuse. Sarah est une fille de la campagne, toujours à cheval et liée dès son enfance à Jack, un demi aborigène. Progressivement, en même temps que la prise de conscience de Sarah des réalités et d’une tension secrète qui mine la famille, des événements font remonter des secrets au grand jour. Après un voyage en Nouvelle-Zélande, Jack rentre seul, sans le fils de la famille, Will, mort dans un naufrage. Il apprend au père que Will a une petite fille demi néo-zélandaise et sur l’ordre du père, la ramène. C’est l’horreur pour cette fillette qui n’est qu’une « petite sauvageonne » que la mère veut dresser. A ce moment, Sarah veut annoncer son désir de mariage avec Jack qui, après un entretien avec le père, s’enfuit en lui disant ne plus jamais vouloir la revoir. Que s’est-il passé avant sa naissance ? Quel drame ? Sarah finit par quitter le domicile et épouser un ami du mari de sa sœur et devient femme défricheuse dans une nature rude, bien loin de chez elle. Ainsi, elle espère tenir à distance son chagrin d’amour. Peu à peu, une solide relation s’installe entre elle et l’homme travailleur et gentil qu’elle a épousé.
A la mort de son père, elle retourne brièvement dans sa famille et apprend l’horrible secret, ainsi que la mort de la pauvre petite maori. Elle est prête à revoir Jack qui a fondé une famille en Nouvelle-Zélande.
Ce grand roman, très romanesque, s’achève dans un apaisement relatif. Il se dévore et l’on apprend plein de choses sur la colonisation par les bagnards, sur leur relation avec les aborigènes avec la confiscation de leurs terres. Le besoin de respectabilité et de supériorité des occidentaux étant toujours la norme.

Lesage, Mireille. - Diane de Poitiers. - Télémaque. - 410 p. - 18€
Diane de Poitiers, propriétaire du somptueux château d’Anet, offert par son amant, protectrice des Arts et, surtout, pendant vingt ans, maîtresse du roi de France Henri II, de vingt ans son cadet, est un personnage passionnant et attachant. Elle a eu une excellente éducation dans une famille noble, riche, cultivée et aimante, et a été mariée très jeune au vieux comte de Brézé, homme cultivé et raffiné actif auprès du roi, François Ier. Ce fut un mariage heureux malgré la différence d’âge, car chacun a cultivé le meilleur de lui-même et respecté son conjoint.
Diane a longuement hésité avant de succomber à l’insistance du jeune roi Henri II, après la mort de son mari, et c’est la Raison d’Etat qui l’a poussée à ne plus résister. On entre dans tous les rouages et intrigues de la cour : les jalousies, les rivalités, en particulier avec Catherine de Médicis.
De nombreux personnages sont évoqués et le tableau de généalogie, au début du livre, est bien pratique. Le récit est très documenté, mais il tient plus d’un conte ou d’une épopée royale que du documentaire. On est totalement immergé dans cette riche période de la Renaissance. C’est étonnant de voir comment à cette époque, une femme pouvait être autant éduquée et politisée, pour avoir une telle importance dans la destinée du royaume. Diane apparaît comme une femme admirable, courageuse et très intelligente, mais, aussi, avec son revers, une grande implacabilité.
Le style n’a rien de remarquable, mais il est fluide, et fait de ce roman historique un excellent moment de lecture.

Robinne, Eric. - Le silence des loups. - Nouvelles plumes. - 424 p. - 20€
Une étrange histoire réunit Mathieu, jeune lieutenant de police en vacances, et Daniel, quinquagénaire à la vie calme, jusqu'à ce qu'un événement tout d'abord anodin ne vienne tout bouleverser.
En vacances à Chamonix, Mathieu est mêlé, bien malgré lui, à toute une série de meurtres. Pour commencer, trois cadavres sont retrouvés dans une ferme ; parmi eux, un vieillard à la langue tranchée et portant un tatouage des camps de concentration. Au même moment, Daniel Dernemont qui se croyait orphelin apprend par le notaire de Modane, le décès de son frère Denis dont il ignorait l'existence et qui lui a laissé une enveloppe contenant un mystérieux message. Voulant en savoir plus, il mène l'enquête avec Hélène, sa petite amie.
Nos deux hommes vont être poursuivis, victimes d’attaques, mais ils tiendront bon au péril de leur vie. En effet, face à eux, une importante organisation née dans les camps nazis, est prête à tout pour mener à bien des expériences monstrueuses.
Une suite de meurtres, de complots, de manipulations génétiques, de clonages. Un thriller plein de rebondissements, qui démarre sur les chapeaux de roue, ça bouge et on n’est pas déçu.

Sandoz, Mari (1896-1966). - Les Cheyennes. - Télémaque. - Traduit de l’américain. - 573 p. - 18€
Septembre 1878 : les Cheyennes du Nord, déportés loin de leurs terres et ne supportant plus la faim et les maladies qui les déciment peu à peu, se révoltent contre le sort qui leur est fait. Ils décident de s’évader, et sous le commandement des chefs Dull Knife et Little Wolf, entament un long périple vers le Montana. Un terrible exode commence.
Un très beau livre, très bien documenté, mais qui intéressera surtout les passionnés de l’histoire des Indiens d’Amérique. A noter que le réalisateur John Ford s’est inspiré de ce livre écrit en 1953 pour son film de 1964 Les Cheyennes, avec Richard Widmark et Karl Malden, notamment.

Seamon, Hollis. - Dieu me déteste. - La belle colère. - Traduit de l’américain. - 276 p. - 19€
Richard Casey, bientôt 18 ans, est hospitalisé dans une unité de soins palliatifs. Il appelle sa maladie : DMD, entendez « Dieu me déteste ». Parmi les malades, Sylvie, 15 ans, est amoureuse de Richard. Ici est racontée l’expérience d’un jeune qui a des désirs de son âge, qui se sait mourant, qui observe les adultes, tous plus ou moins perdus face à cette situation.
Avec Richard Casey, on entre dans une unité de soins palliatifs où le malade se sait en fin de vie et les bien portants doivent les accompagner. Richard est observateur, critique (pourquoi on ne frappe pas avant d’entrer ?), refuse les commisérations habituelles (le moine qui vient lui dire la bonne parole…), veut aimer et vivre l’expérience de l’amour… Il lui faudra de l’énergie, de la ruse, de l’aide parfois inattendue, veiller à protéger sa mère, bref, vivre comme un ado et même plus….
Ce roman est juste, touchant, jamais larmoyant, tout en étant au plus proche d’un vécu d’une fin de vie.
Pour ados également.

Sebbar, Leïla. - Marguerite et le colporteur aux yeux clairs. - Elyzad, Poche. - 124 p. - 8€
Un petit village français au lendemain de la guerre d’Algérie. Chaque été, Marguerite, Simon, son mari, et leurs enfants passent un mois dans la ferme familiale. Le père aime la pêche, disparaît toute la journée ; Marguerite, lit, rêve, s’occupe de la maisonnée. Simon a fait la guerre d’Algérie ; ébloui, il lui a d’abord écrit de longues lettres de là-bas, puis plus rien pendant de longs mois. Et Simon est revenu transformé, sombre, agressif. Il ne supporte pas les travailleurs saisonniers venus d’Algérie qui participent aux activités de la ferme. Marguerite, elle, est fascinée par leur langue, leur courtoisie. Parmi eux, il y a Sélim, le colporteur aux yeux clairs…
Leïla Sebbar dévoile dans ce court roman le récit de Marguerite, désarmante de simplicité, lumineuse, si attachante. Elle avait rencontré Marguerite, une ouvrière qui, après la mort de son mari, s’était éprise d’un colporteur algérien. L’écriture est belle, poétique, fluide, le récit de Marguerite, aussi pudique que touchant.

Tuck, Lily. - La probabilité du bonheur. - Jacqueline Chambon. - Traduit de l’américain. - 236 p. - 22€
C’est la nuit. Philip, le mari de Nina, vient de mourir d’un arrêt cardiaque, diagnostique le médecin qu’elle a appelé. Nina tient sa main encore tiède et ne veut pas entrer tout de suite dans le flot déshumanisé des formalités inévitables et douloureuses. Elle veille ultimement son mari, durant les longues heures qui la séparent de l’aube, en revisitant toute leur vie au fil des pensées et des souvenirs qui l’envahissent.
Quarante-deux ans de mariage, sa vie d’artiste peintre et l’existence de mathématicien spécialiste en probabilités de son mari se recomposent avec tendresse. Leur relation était éclairée par l’humour de Philip qui traduisait toute les situations en possibilité mathématique. Les voyages, la vie aux Etats-Unis, la naissance de leur fille Louise, les bons souvenirs se mêlent de façon aléatoire avec leurs « trous d’air », c’est à dire leurs trahisons, leurs manquements. Tout cela de façon fluide et paisible, ce fut leur vie. On ressent un immense amour et respect mutuel. Le portrait, en creux, de ce mari, le présente comme un homme particulièrement intéressant, fin et plein d’humour.
Jeux de l’amour et du hasard, probabilité du bonheur… Au petit matin, « l’heure bleue », elle sort de sa torpeur sur une vision onirique et merveilleusement réconfortante.
C’est un très beau livre sur le deuil, mesuré, humain, élégant et très bien écrit. Une belle leçon de vie.

Waines, A.J. -  Les noyées de la Tamise. - Les Escales, Les escales noires. - Traduit de l’anglais. - 378 p. - 22€
Julia, jeune psychologue, travaille dans son cabinet à Londres et assure des permanences dans un centre d’IVG. Sa vie peut sembler banale : une rupture difficile et un passé douloureux lié à la mort de son frère dans un incendie. Son quotidien bascule dans l’horreur quand elle se voit liée à des meurtres de jeunes femmes que l’on retrouve sous différents ponts de la ville. En effet, Julia en est avertie par de mystérieux sms et chaque victime a sur elle un élément de sa vie privée. Scotland Yard est sur les dents pour prévenir les prochains meurtres annoncés. Les sms se présentent comme des énigmes de jeux de piste à résoudre, mais, là il s’agit d’assassinats.
Une atmosphère lourde se développe. Heureusement le charmant inspecteur Brad est très présent. Toutes les pistes sont explorées dont celles des anti IVG. On fouille dans le passé de Julia. Des éléments de l’incendie qui a tué son frère réapparaissent, un doute plane sur l’enquête qui a conclu très vite à un accident électrique dans la maison. De piste en piste, le suspense monte jusqu’au dénouement final.
C’est un excellent polar, bien ficelé, qui nous balade dans Londres. Les personnages sont attachants, et ont de l’épaisseur, une psychologie et une histoire. La tension est bien gérée et on ne peut lâcher ce livre.
La Tamise et ses ponts, chargés d’histoire, prennent des allures mythiques dans le froid et l’humidité des petits matins morbides et glauques.

LIVRES NON RETENUS
Bécheur, Ali    Tunis blues     Elyzad
Boyard, Aurore    L'avocation    Fortuna
Cagnard, Jean    Grosses joies    Gaïa
Helnwein, Mercedes    La ballade d’Hester Day    La Belle colère
Lumpkin, Grace    Notre règne arrivera    Aux Forges de Vulcain
McCullough, Colleen    Le dernier banquet    L'Archipel
Rosen, Nicolle    Je rêvais d’autre chose    Thierry Marchaisse
Stillman, Whit     Les derniers jours du disco    Tristram
Wollbrecht, Sabine     Le sommeil du volcan    Zellige