Commission Petits éditeurs de septembre 2021

Commission Petits éditeurs Bib92 - Sélection septembre 2021

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Ce roman s’ouvre sur la mort de Camille, la mère de Paloma et de Françoise. Chez le notaire, les deux sœurs apprennent que Françoise hérite d’un magnifique appartement à Sète, et Paloma d’une maison perdue dans les Cévennes. Le notaire lui remet un cahier écrit par Camille, qu’elle ne devra lire que là-bas. Les relations entre Camille et Paloma ont toujours été conflictuelles. Paloma, surprise de cet héritage, décide de visiter la maison et tombe sous le charme des lieux. Sur un coup de tête, elle décide de changer de vie, de quitter Paris, avec sa fille et de s’installer dans sa nouvelle demeure. En lisant le cahier de sa mère, et en faisant de nouvelles rencontres, Paloma fait la paix avec son passé pour construire un avenir plus radieux. C’est un magnifique roman qui parle non seulement de secrets de famille, de résilience, d’amour, mais aussi de la beauté des Cévennes, de la nature. L’écriture est parfaitement maîtrisée, les personnages, tous bien construits, sont bousculés par la vie, mais ont droit à une seconde chance. Une lecture qui donne envie de faire des randonnées dans les Cévennes et de lire Suiza, le précédent roman de Bénédicte Belpois. Une lecture qui fait du bien !
Belpois, Bénédicte. – Saint-Jacques. – Gallimard. -160p. -14€

 

Dans le Jura, au XIXe siècle, une jeune fille épouse un homme riche qui l’emmène dans sa demeure où elle vit coupée du monde. Son mari l'aime profondément et fait tout pour son bien-être, lui offre les services d’une professeur de flûte, qui lui apporte lumière et sensualité. Malgré toutes ces attentions, elle ne parvient pas à l'aimer en retour et ne se sent pas à l'aise dans cette grande maison provinciale. La forêt qui la cerne est un personnage. Peu à peu, elle apprend l'histoire de la première épouse... Une écriture sublime, même si l'histoire est très classique, délicate et mystérieuse. Un très grand cru. L’auteur aura-t-elle un prix ?
Coulon, Cécile. – Seule en sa demeure. V. Hamy. – 333p. -19€

 

En 1929, une usine française de textile installée en Hongrie qui fabrique la viscose, nouvelle matière en plein essor, rapatrie ses ouvriers à Lyon. L'emploi est rémunérateur, c’est la promesse d'un bel avenir pour une jeunesse pauvre. Alors Szonja et Marieka, deux adolescentes quittent leur famille pour la France. A travers Szonja, l’auteur fait revivre cette époque, les lieux austères, les très dures conditions de travail, la misère qui remplace les rêves de vie meilleure, les promenades sur le canal. La description à la fois détaillée et humaine fait surgir la mélancolie dans la cité ouvrière et peu à peu la révolte. A l'usine, les phrases courtes reproduisent l’abrutissement des ouvrières, les mains comme indépendantes du corps, 60 heures par semaine immergées dans les produits toxiques nocifs, l'odeur insupportable de l'acide sulfurique, la moiteur des lieux, le bruit des machines. Szonja suffoque dans l'usine et dans sa vie de femme. La rêveuse se construit à travers ses rencontres amicales et amoureuses et à travers la danse le dimanche. Danser, c'est vivre. Elle apprend la légèreté, à ne plus se soumettre. Les rires sont mêlés aux voix de toutes nationalités. Le bal précède les rassemblements sociaux qui feront vivre à Szonja l'aventure de la solidarité. Roman intéressant pour son fonds historique, sa dimension sociale et le touchant personnage de Szonja. Dans un style à la fois réaliste et poétique, un roman très fort et authentique. Très beau roman sur la condition ouvrière et féminine, la difficulté à s'émanciper.
Pigani, Paola. – Et ils dansaient le dimanche. – L. Lévi. -229p. -19€

 

L’auteur a tenu pendant longtemps une chronique d’humeur ; “Mon œil", dans Télérama qui était le premier article que je lisais en recevant mon journal. Alain Rémond écrit bien, depuis toujours, mais c'est dans le récit autobiographique qu'il excelle. C’est un bonheur de lire le récit de son enfance et adolescence à Trans, petit village de Bretagne indissociable de son identité. De façon pudique, il évoque ce passé heureux mais douloureux ; l’amour inconditionnel qu’il porte à sa mère ; les rapports qu’il a avec ses nombreux frères et ses sœurs. J’ai retrouvé dans ce texte la grande sensibilité que j’avais beaucoup aimé en lisant Chaque jour est un adieu et surtout la grande tendresse et admiration qu’il porte à sa mère, cette femme dévouée à sa famille et à chacun de ses enfants.
Rémond, Alain. – Ma mère avait ce geste. –Plon. -160p. -12€

 

Tout commence dans un commissariat où l’atmosphère est tendue. On pressent un drame en découvrant un trio de personnages. Dans une petite ville de bord de mer en Bretagne, Laura, une jeune femme de 20 ans, est de retour. Son père, boxeur, qui a connu la gloire, sert de chauffeur au maire. Soucieux de favoriser l'installation de sa fille, il demande à son patron de l'aider à lui trouver un logement. Le maire reçoit Laura, et lui propose à la fois logis et emploi. Les personnages sont fixés par leur destin. Un récit noir, un roman d'atmosphère, un huis clos provincial à la Chabrol, une histoire qui dénonce la banalité du harcèlement sexuel, l'emprise des hommes de pouvoir et la lutte des faibles contre les puissants. Dans cet engrenage entraînant, se déroule le drame, un combat comme sur un ring. Récit bref, acéré et amer, comme une plaidoirie mêlant injustice sociale et arrogance politique. L’histoire est menée de main de maître par une écriture incisive, une précision cinématographique. Pourtant, l’auteur dit avoir du mal à voir les images, les lieux de l'histoire. Roman psychologique, social à la langue délectable.
Viel, Tanguy. – La fille qu’on appelle. -Minuit. -173p. -16€