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Compte-rendu de la journée d'étude : I.A (dé)générative : comment s’en saisir en bibliothèque ? , organisée par Bib92, Cible95 et Intermedia78
Lieu : salle orange de Visages du monde à Cergy, le jeudi 19 juin 2025
Durée : 6h
9h30-10h30 : introduction générale sur l’IA par Jean-Gabriel Ganascia, professeur à Sorbonne université-LIP6, auteur de : L'I.A. expliquée aux humains. S’appuyer sur sa présentation.
Jean-Gabriel Ganascia rappelle ce qu’est l’intelligence et s’interroge sur la machine sera-t-elle un jour douée d’esprit, sera-t-elle judicieuse et rusée ? Le vrai et le plus important sens de l’IA est sa capacité à connaitre ! Il revient sur l’historique de l’IA en présentant ses grandes figures, elle est née en août 1956, c’est une nouvelle discipline de recherche scientifique. Il détaille les outils de l’IA, puis l’historique d’Internet, du web, de l’hypertexte qui est une modélisation de la mémoire donc c’est déjà de l’IA ! Il décrit les réseaux de neurones formels qui peuvent réaliser n’importe quelle fonction logique, puis on assiste à l’évolution vers le modèle perceptions multi-couches puis vers l’apprentissage profond et les réseaux de neurones. L’IA générative commence en 1957 avec l’utilisation de la composition musicale puis son utilisation pour créer des œuvres picturales. Il décrit les modèles de langage (LLM). Il parle des nouvelles œuvres artistiques créées par l’IA en musique, peintures et images et présente quelques exemples. Il clôture en abordant les chatsbot doués de parole.
10h45-12h30 : table ronde intitulée "Quel sera l’impact de l’IA dans votre métier demain ? » animée par Clémence Jost, rédactrice en chef du magazine Archimag et Cédric Limousin, administrateur du groupe Facebook IA et bib, adjoint chargé du multimédia à la médiathèque Jean Ferrat du Bassin d’Aubenas, consultant et formateur en IA. S’appuyer sur leur présentation.
Clémence JOST (CJ) : on assiste à des bouleversements dans nos métiers, à terme les IAG (IA génératives) seront une évidence et il faudra anticiper la forte rupture entre ceux qui savent les utiliser et les autres. On voit déjà des impacts et des mutations des pratiques (cf les diapositives du Powerpoint et les chiffres tirés d’études récentes).
Cédric LIMOUSIN (CL) : il répond à la question de : comment s’est-il emparé de l’IA dans son métier de bibliothécaire ? Comme il est médiateur numérique, qu’il prépare en permanence sa veille documentaire et qu’il a assisté à la mise en ligne d’OpenIA et de son bot, il s’est immédiatement intéressé à cet outil puis il assiste à l’arrivée de ChatGPT et là, il comprend la nécessité de se former car émerge en lui une envie de comprendre comment ces outils fonctionnent.
CJ : que pensez-vous de la dichotomie entre une forte crainte et un fort optimiste envers l’IA ?
CL : les gens n’ont pas envie de perdre leur métier, d’en être dépossédés mais, à terme, je ne pense pas que ce soit le cas car l’humain est toujours plus créateur que l’IA !
CJ : comment vos collègues ont-ils réagi vis-à-vis de votre utilisation de l’IA dans votre métier ?
CL : j’ai observé que l’appétence vis-à-vis de l’IA grandit, de même qu’il y a une forte demande de la part du public à découvrir et à être formé à l’IA, couplé parfois, chez mes collègues, à une forme de résignation à découvrir et à utiliser l’IA.
CJ : pouvez-vous nous parler de l’acculturation à l’IA et des enjeux de cette appropriation ?
CL : maintenant, on a obligation de s’en emparer, l’IA permet de simplifier de nombreuses choses, gratuitement et de manière ludique et pratique, l’utilisation de l’IA permet d’attirer les publics dans les médiathèques car les gens veulent comprendre et connaitre les tenants et aboutissants de l’IA et c’est une mission essentielle des bibliothèques que de donner accès à des formations sur l’IA aux usagers !
CJ : avez-vous rencontrer des résistances chez les bibliothécaires ou bien des idées à déconstruire vis-à-vis de l’IA ?
CL : la première chose que l’on me dit est que « l’IA va me remplacer ! » mais c’est plutôt quelqu’un qui utilise l’IA qui peut à terme remplacer cette personne ! La deuxième idée à déconstruire concerne l’empreinte écologique de l’IA mais je les rassure en leur disant qu’une requête Google ou qu’une requête ChatGPT consomme la même énergie et la même consommation d’eau ! Savoir rédiger des prompts réduit l’empreinte carbone et les utilisations industrielles de l’IA sont également à prendre en compte par rapport à notre propre bilan carbone. Les IA sont-elles rentables ? oui, en terme de puissance de calcul mais il faut voir qu’il faut beaucoup d’investissements financiers et de patience avant d’atteindre beaucoup de bénéfices et donc de véritables retombées économiques.
CJ : Archimag travaille sur son empreinte carbone et l’évalue en se calquant sur les normes européennes et c’est un processus qui prend du temps, qu’en est-il pour vous, dans votre domaine d’activité ?
CL : il existe un réel problème de gouvernance mondiale sur ce sujet, mais ce que je préconise, c’est que chacun doit réguler ses usages en bonne intelligence écologique.
CJ : je me permets de revenir sur le rapport IA et mésinformation (https://www.academie-technologies.fr/wp-content/uploads/2025/02/241213_IA_mesinformation.pdf) et ses 6 recommandations dont celle d’obliger les modèles d’IA à publier leur ligne éditoriale et celle autour de la réglementation sur l’IA (comme la constitution des algorithmes ou l’utilisation comparée qui permet de s’en savoir un peu plus sur les différents modèles d’IA), qu’en pensez-vous ?
CL : je prends un exemple à propos de Gemini 2.5 pro qui est assez transparent et publie en ligne les informations sur son modèle IA. Ce dernier possède une fenêtre de texte très large et cela m’a permis d’analyser mes fonds et d’injecter les données de mes 8000 documents afin de pouvoir préparer une (ou plusieurs) bibliographie(s) sur un (des) sujets très spécifique(s).
CJ : quels moyens sont mis en œuvre par les collectivités territoriales pour utiliser l’IA ?
CL : certains collègues utilisent des outils IA payants (financés par leurs propres fonds) dans leur travail car cela les aident à faire mieux et plus rapidement mais cela peut entrainer d’autres contraintes. L’usage de l’IA pour la classification des documents peut sembler intéressant (d’ailleurs, il faut savoir que Copilote de Microsoft a le même modèle d’IA que Chat GPT !) mais ces deux outils proposent un nombre de requêtes limitées. Il faut aussi connaitre quelles IA sont validées par les DSI et sont utilisables en bibliothèque et plus largement au sein des collectivités territoriales. Pour être RGPD friendly par exemple, je préconise d’utiliser Mistral.
CJ : quels moyens sont mis en œuvre par les SIGB pour utiliser l’IA ?
CL : certains SIGB intègrent l’IA et proposent à leurs clients de faire des résumés de résumés, de générer des couvertures, etc…) et il y a des outils professionnels qui commencent à apparaitre et qui sont à intégrer tout de même, les fournisseurs de SIGB vont devoir s’en emparer pour les intégrer à leurs produits.
CJ : et concernant l’acculturation des usages personnels de l’IA dans le cadre professionnel ?
CL : cela engendre de grosses problématiques sur la cyber sécurité et sur l’usage des données par les outils IA. Pour y remédier, on peut choisir de faire tourner une IA sur un poste local avec une grosse capacité afin d’essayer de pallier aux problèmes de cuber sécurité.
CJ : comment bien choisir un service IA ?
CL : l’entreprise qui fournit un outil IA doit apporter une plus-value, « faire un truc utile » sur des données ou des process pour faire gagner du temps ou autre à l’équipe, et c’est pour cela que les professionnels doivent vraiment bien analyser l’offre commerciale proposée par les fournisseurs car ces derniers sont nombreux à proposer des outils IA, qui sont onéreux mais qui n’apportent finalement pas grand-chose aux bibliothèques et à leurs usagers.
CJ : quelles sources utilisez-vous pour votre veille documentaire concernant les actualités de l’IA ?
CL : il existe de nombreuses newsletters sur l’IA donc il ne faut pas hésiter à s’y abonner. Il faut aussi accepter d’investir du temps pour comprendre et utiliser l’IA (et surtout voir ses nombreux avantages) afin de gagner du temps par la suite ! Les principaux objectifs d’utilisation de l’IA sont : une hausse de la productivité, un gain de temps et surtout dégager du temps pour faire autre chose/pour faire plus !
CJ : Comment accompagner les professionnels pour éviter une fracture entre les personnes utilisant l’IA et les autres ?
CL : Je vous avoue que je n’ai pas de réponses car même si des collègues se forment à l’heure actuelle, nombreux sont ceux qui ne s’emparent pas du tout de l’IA.
14h-15h : intervention de Julien Pibourret, co-auteur de : La boîte à outils des IA génératives pour créer du contenu, qui présentera toutes les IA génératives utilisables en bibliothèque et sur tous les supports (textes, images, vidéos, son, etc…).
En introduction, Julien Pibourret (JP) annonce que les IA artistes sont vouées à remplacer les graphistes et les IA filmaker généreront à terme de nombreuses vidéos. Il constate que la France est très en retard sur l’IA.
3 axes pour sa présentation :
-les 3 stades d’adoption des IA génératives (IAG)
-les cas d’usage associés aux bibliothèques
-présentation de 9 outils d’IAG
Les 3 stades d’adoption des IA génératives (IAG) :
-c’est accessible, c’est utilisé depuis les années 80 par « n’importe qui, n’importe quand » et qui génère un effet wahou, c’est incroyable tout ce qu’on peut faire avec l’IA !
-se former sur ces métiers (il existe de plus en plus des centres spécialisés sur l’IA et pour différents corps de métier)
-adopter l’IA dans son métier, dans son intégration professionnelle
N’importe qui peut faire son IA aujourd’hui. Pour enclencher un travail d’intégration de l’IA dans les outils professionnels des bibliothèques, il faut se brancher avec une API pour ensuite faire le lien avec les logiciels métiers. Mais attention, il existe une problématique sur la confidentialité des données et l’on a pu observer l’émergence de problèmes suite à une mise en lien avec une API.
Compilation de IAG multioutils : Midjourney, Leonardo AI, OpenAI, ChatGPT, MistralAI, Claude AI, Perplexity (utile pour sourcer sur le web), Gemini.
Il faut utiliser l’IA et l’intégrer à nos outils professionnels. Pour se faire, il faut cartographier les processus métiers les plus chronophages pour y intégrer à terme l’IA et plus il y aura d’IA, plus il y aura de l’humain !
Les cas d’usage associés aux bibliothèques :
On peut intégrer l’IA dans le traitement documentaire, dans la partie scoring comme dans la recherche instantanée. Toutes les IA disponibles sont premium, lorsque l’IA est gratuite, son accès est limité par des tokens et lorsqu’elle est payante, l’utilisateur a accès à plus de tokens et à des versions plus actuelles. Avec un prompt, on peut réaliser une présentation audio/vidéo, contenant une charte graphique intégrée et même faire un Powerpoint (avec Gamma.app). L’IA demeure un assistant que l’on peut brancher sur toutes ses données ! Avec les IAG, il n’y a plus aucune frontière !
Présentation de 9 outils d’IAG : qui sont toutes en freemium !
-Elevenlabs : qui permet de recréer la voix de n’importe qui
-HeyGen : une plateforme qui permet de créer un avatar vidéo et de le faire parler dans n’importe quelle langue
-Lovable : qui permet de vibe coder pour construire le code et l’interface d’un site web en 30 secondes, à terme cela pourrait remplacer certains logiciels proposés par les fournisseurs de SIGB et ne pas hésiter à s’appuyer sur la communauté Lovable qui peut aider les utilisateurs
-Google NotebookLM : qui permet de mettre n’importe audio pour faire une retranscription, un résumé, isoler les points les plus essentiels d’un texte
-Gamma.app : qui permet de faire des présentations Powerpoint, de créer des sites web, des publications sur les réseaux sociaux
-4DV.ai : il suffit de lancer cette application et d’enregistrer en audio puis ce logiciel envoie les comptes-rendus enregistrés par mail
-les agents IA comme Relevance AI (qui est un agent IA installé directement sur ordinateur), il faut aussi savoir qu’il y a accès à plein de petits assistants que l’on peut entrainer sur des outils Open IA) ; Hugging Face ; Plaud.AI
-Futurpedia : qui permet de se documenter sur les IAG
15h-15h45 : Cédric Limousin, administrateur du groupe Facebook IA et bib, adjoint chargé du multimédia à la médiathèque Jean Ferrat du Bassin d’Aubenas, consultant et formateur en IA. S’appuyer sur sa présentation.
Cédric organise des apéros autour de l’IA et sur différentes thématiques. Il revient sur l’outil Lokas, qui est une application pour enregistrer et retranscrire les réunions en toute confidentialité. Cédric a mis en place l’outil Pinokio à Aubenas et il invite les participants à consulter le catalogue de prompts disponibles en libre accès sur le site de l’université de l’Arizona.
Actions à destination du public :
-atelier imaginé par l’IA Claude en récupérant des jaquettes de DVD pilonnés pour les réutiliser en carte postale
-atelier de création d’histoire personnalisées (voir le tutoriel : https://lab-en-bib.abf.asso.fr/2025/05/21/un-atelier-ia-simple-et-gratuit-le-bar-a-histoires/) mais attention il ne faut pas utiliser des IAG payantes pour le faire car sinon les usagers ne pourront pas le refaire à leurs domiciles !
-atelier dans le cadre de la Nuit de la lecture en utilisant FaceFusion en local pour utiliser des photos d’usagers et les transformer en portrait de peintres célèbres
-atelier de création d’une BD avec le site Scenario (https://www.scenario.com/features/lora-blends) : il faut écrire l’histoire, faire le storyboard et ensuite en utilise l’IA pour faire les dessins
-atelier de musik IA via la réalisation d’un blind test
-élaboration d’un serious game par l’IA à destination des classes sur le circuit du livre et le métier de bibliothécaire
-projet d’écriture d’histoire avec une IA et au sein d’une classe ULIS mais hélas, on ne peut pas garder trace de cette histoire
Cédric utilise également l’IA pour faire des recherches professionnelles : il utilise le modèle raisonneur DeepSeek R1 avec un accès au web mais il conseille de vérifier les résultats ensuite. Pour sa veille professionnelle, il utilise ChatGPT tasks mais il n’existe pas d’équivalent gratuit. Et pour analyser ses fonds ou les statistiques usagers, il utilise des outils personnalisés comme DeepResearch dans ChatGPT.
16h-16h45 : présentation du projet et retour sur l'expérience Méd'IAthèque (co-intervention de Clotilde Périgault, directrice de la bibliothèque de Chartres et Vincent Richer, responsable du pôle Numérique et innovation en charge de la programmation IA). S’appuyer sur leur présentation.
Ce projet de service a été souhaité par le Maire de Chartres car il utilise l’IA pour créer ses discours donc il voulait que l’IA soit utilisée dans tous les services de la ville. A Chartres, il existe une pépinière d’entreprises gérée par la communauté d’agglomération donc la médiathèque l’a sollicitée pour démarrer une programmation, avec comme feuille de route de travailler avec des start-up et de faire de la publicité sur les IAG les plus connues comme ChatGPT, Midjourney, HeyGen et les abonnements à ces IAG ont été mis en place par leur DSI. La collectivité développe aussi des outils IA en interne et dans tous les services.
Ils détaillent l’animation « les dimanches de l’innovation » ainsi que d’autres animations illustrées dans leur présentation.
Chartres a formalisé son projet d’établissement dans la continuité de son EPN mais l’accompagnement individuel des usagers à l’IA ne fonctionnait pas trop et demande politique de faire des ateliers quotidiens. La médiathèque a procédé à la refonte de l’organigramme, la révision des fiches de poste des agents, à proposer à certains collègues de monter en compétence et s’est vue obligée de recruter.
L’animation « Les points de l’IA » a plutôt bien fonctionné, une nouvelle enveloppe a été créée et un budget dédié de 20000 € pour organiser ces animations. Ils ont créé un atelier pour restaurer les anciennes images/photos des usagers avec l’IA (et qui fonctionne bien). Les usagers peuvent utiliser les IAG mis à disposition sur des postes publics aux horaires d’ouverture des médiathèques. La médiathèque a fait le choix de s’abonner à ChatGPT et de le mettre à disposition des usagers.
Projets pour 2025-2026 :
-arrêter les RDV mensuels qui sont trop chronophages
-utiliser l’IAG MECH AI, une IAG pour créer à partir de texte et d’images une modélisation 3D, réalisable sur une imprimante 3D
Questionnement autour de l’investissement des élus et pour l’équipe de la médiathèque, ils ont obtenu 3 équivalents temps plein (sur une équipe de 30 personnes) pour animer toutes les animations IA.
Clotilde et Vincent retrace la genèse du projet du changement de nom de la médiathèque. Ils expliquent qu’ils utilisent la fonction de ChatGPT pour créer, à partir d’un tableau excel contenant des données, une newsletter : ce qui est un énorme gain de temps ! ChatGPT est également utilisé pour construire la poldoc du réseau.