Les coups de coeur de la Commission musique et cinéma - 3


pellicule

 

 Notes de musique

Films présentés par Sabine de Puteaux :

Le rayon vert d'Éric Rohmer
Le personnage incarné par Marie Rivière éprouve des difficultés à se lier aux autres et refuse toute intervention extérieure dans sa vie : rencontres, sorties ou idée de vacances, remettant sans cesse en question le scénario qu’on lui propose. Peu sûre d’elle, elle possède une assez haute vision de l’amour et se prive des satisfactions superflues. Des signes parsèment son itinéraire, dont quelques cartes à jouer, symboles de déchiffrement de l’amour. Très structuré, ce film laisse pourtant une large marge d’improvisation aux acteurs.

Léon Morin, prêtre de Jean-Pierre Melville
Dans la France occupée par les nazis, il y a ceux qui cachent les juifs et ceux qui collaborent passivement. L’image est très nette, le noir et blanc lumineux, les jeux d’ombres et de lumières, notamment lorsque les personnages reculent dans la pénombre ou sont éclairés partiellement sont très réussis. Les discussions autour de la religion catholique sont marquées par la tension du désir charnel pondéré par la tempérance mesurée du prêtre. A ne pas manquer : la scène qui se déroule dans le confessionnal, mettant face à face le prêtre incarné par Belmondo et son admiratrice jouée par Emmanuelle Riva, partageant l’écran, ce qui permet de filmer les deux personnages de face. A voir aussi pour le Belmondo et son jeu d’une élégance chaste.


L’Éclipse de Michelangelo Antonioni
Antonioni filme une histoire d’amour en deçà des mots. Il affectionne les lieux déserts, inhabités ou inhabitables : maisons quittées, avenues nocturnes, lieux vus du ciel en avion, qui de si loin semblent dépeuplés, angles d’immeubles et coins de rue, géométriques tableaux de Chirico ! Où résonne le bruit du vent qui s’infiltre dans ces endroits vacants, fait tintinnabuler des mâts sans drapeau, bruisser le feuillage, vibrer les pales du ventilateur ou soulever la couverture d’un livre abandonné. Il aime les lieux indistincts, encore en construction, chantiers, ruines du futur, où l’on trouve échafaudages, tas de briques, morceaux de murs, tonneaux emplis d’eau stagnante. Il matérialise les hésitations, les doutes et la fragilité des décisions par le cadre des portes et des fenêtres, lieux d’apparition et de disparition, de repli et de dissimulation, seuils, entre l’être et le non être, lieux de départ, d’arrachement, de brisure, comme les escaliers, souvent en plongée ou en contre plongée. A l’opposé, la Bourse et sa foule en délire, hurlante et trépignante : il aura l’audace de la faire taire et de figer le temps par une minute de silence ! La fin, suite de plans fixes, d’instantanés, semble à nouveau immobiliser le cours des choses.