2025-10-16_Point sur la santé mentale en médiathèque

Le point sur... : la santé mentale en médiathèque

Animé par Cécile Binart, responsable du service Promotion de la Santé à la ville d’Antony, formatrice pssm (premiers secours en santé mentale) et coordinatrice du conseil local en santé mentale à Antony.


S’appuyer sur la présentation Powerpoint
Depuis la crise sanitaire de la Covid-19, la santé mentale a toute sa place au sein des médiathèques, car ce sont des lieux gratuits et ouverts à tous ; certes, ce ne sont pas des lieux de soin mais elles ont un rôle à jouer important dans l’accompagnement des publics. Les médiathèques sont des endroits ressources indispensables qui coupent l’isolement. La santé mentale a été désignée grande cause nationale et tout le monde peut jouer un rôle ! Nous avons tous une santé mentale différente, avec des hauts et des bas et nous avons tous une façon différente de se percevoir. Nous avons chacun des ressources différentes. La santé mentale est aussi bien un problème de société qu’une préoccupation individuelle. Un tiers des personnes sont impactées par des troubles psychiques, c’est une vraie composante de la société !


Définitions :
-de la santé mentale selon l’OMS : « état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive, et d’être en mesure d’apporter une contribution à la communauté ».
-des troubles psychiques : « les troubles psychiques sont les affections qui vont altérer l’état de santé mentale. Ils peuvent prendre des formes et des expressions très différentes. Ils apparaissent à une période particulière de la vie et peuvent s’installer dans la durée ». Idée qu’il y a un impact fort sur la vie quotidienne, que cela dure dans le temps et dans l’intensité (souffrance forte).
-du Conseil local en santé mentale (CLSM) : dispositif incitatif de l’État, qui permet la coordination et la mobilisation de tous les acteurs volontaires possibles pour prendre en charge des troubles psychiques au sein d’un territoire.


PSSM : qu’est-ce que c’est et pourquoi ?
PSSM : premiers secours en santé mentale (https://www.pssmfrance.fr/). Les formations PSSM existent depuis 2019 en France. Il ne faut pas hésiter à monter en compétence en y participant, être secouriste en santé mentale est un engagement citoyen, la formation se déroule en 2 jours soit 14h de formation, accessible à tout le monde, il faut juste être volontaire pour y participer. Au niveau de la formation standard, cette dernière aborde les troubles dépressifs, les troubles anxieux, les troubles psychotiques et les troubles liés à l’utilisation de substances comme les drogues et l’alcool (mais pas les médicaments). Cette formation permet de modifier les représentations qu’on peut avoir sur les troubles psychiques, de les déconstruire et de les déstigmatiser car souvent la stigmatisation empêche les personnes atteintes d’aller vers le soin. Il faut bien être conscient qu’en France, une personne a le droit de ne pas se soigner, de refuser le soin SAUF si c’est une mise en danger pour elle-même ou pour les autres !
Pour prendre en charge une personne souffrant de troubles psychiques, il faut :
-évaluer si elle est en crise ou pas ? Si elle est en crise, il faut l’accompagner si et seulement si on se sent capable de le faire et que les indicateurs de notre propre santé psychique nous le permettent à l’instant T. Sinon, il faut le déléguer à une autre personne qui remplit ces critères.
-toujours écouter la personne attentivement et sans jugement
-toujours prendre au sérieux une personne qui dit et verbalise une intention suicidaire
-être conscient que les accompagnements se font souvent dans le temps, que la solution va prendre du temps et que les gestes mis en place pour l’accueillir vont aider la personne atteinte


Présentation de la méthode AERER, un plan d’action pour aider une personne qui ne va pas bien (https://www.pssmfrance.fr/actualites/methode-aerer/) :
Approcher la personne
Ecouter attentivement et sans jugement
Réconforter (en lui disant qu’on peut se rétablir et retrouver une vie acceptable, avec moins de souffrances) et informer
Encourager à aller vers les professionnels
Renseigner sur les autres ressources disponibles autres que celles issues du médicales : et c’est à ce moment-là que les bibliothécaires ont un rôle à jouer en s’appuyant sur toutes les ressources disponibles au sein de leurs collections !


Soutenir les secouristes, un enjeu de long terme :
Il faut garder un lien entre les secouristes qui ont suivi la formation PSSM et ne pas hésiter à échanger et à partager sur les situations problématiques, il faut être tenace et garder des forces. L’accès au statut de secouriste en PSSM permet de posséder une attestation labélisée, d’avoir accès aux newsletters, à la documentation éditée par PSSM (donc à des informations mises à jour et complètes), à pouvoir accès au recyclage de la formation et surtout cela permet de faire partie du réseau PSSM !


Adapter l’accueil en médiathèque si une personne est concernée par un trouble psychique : vers une culture de l’attention :
Il faut être inclusif et reconnaître les singularités. En médiathèque, nous sommes sollicités de manière imprévisible et il faut toujours garder à l’esprit que la personne atteinte de troubles psychiques ne fait pas exprès, son comportement est l’expression de sa souffrance, le fait d’être écouté peut déjà faire baisser sa souffrance. Il faut aussi se donner le temps de répondre, ne pas se précipiter. Pour aider une personne, il faut lui dire : « qu’est-ce que je peux faire pour vous ? » ; « qu’est-ce qui est important pour vous ? » ; « de quoi avez-vous besoin ? ». Si un usager nous dit quelque chose qui n’existe pas (par exemple : hallucinations auditives et/ou visuelles ou troubles paranoïaques), il ne faut pas rentrer dans son histoire, il faut plutôt lui dire « je m’inquiète pour vous, que puis-je faire pour vous ? ». C’est important de prévoir des espaces de parole entre les bibliothécaires afin d’aborder et de réfléchir en équipe sur des situations d’usagers ayant des troubles psychiques. On peut aussi monter un groupe de soutien avec des personnes ayant vécus des problèmes psychiques pour éviter l’isolement (c’est-à-dire les groupes d’entraide mutuelle https://www.psycom.org/sorienter/les-groupes-dentraide-mutuelle/) et l’accueillir au sein de la médiathèque.
Cas pratique : que faire lorsqu’un trouble psychique entraine de l’agressivité chez un usager ? Il faut lui dire que c’est notre façon de faire, que l’on suit le règlement, « il faut réparer le lien » dans la mesure du possible et si malgré cela, l’usager est toujours agressif, on peut contacter le SAMU psychologique du 92 (https://raymondpoincare.aphp.fr/samu-92-smur/) sur lequel les professionnels peuvent s’appuyer.
Cas pratique : que faire si un collègue est concerné par un trouble psychique ? Il faut appliquer la méthode AERER et s’appuyer sur les assistants de prévention de la ville, la médecine du travail, la F3SCT.
Les partenaires et l’offre de soins : penser au-delà du médical :
-il faut étudier si on inclue la santé mentale dans le projet de service/PCSES de la médiathèque
-il faut identifier les partenaires pour travailler ensemble et s’appuyer sur la pair-aidance et la co-construction
-il faut faire confiance à la créativité collective et construire des partenariats sur mesure, ancrés dans des réalités sociales


Conclusion :
Il faut adapter les pratiques d’accueil aux réalités des troubles psychiques, reconnaitre la diversité des parcours de vie, il ne faut pas oublier que les médiathèques sont des lieux de liens sociaux, de réassurance et de reconstruction où la différence n’est plus un obstacle mais une richesse. « A un moment, ça va marcher ! »


Ressources :
-la vidéo Cosmos mental du psycom et qui est certifié par l’État (https://www.psycom.org/agir/la-promotion-de-la-sante-mentale/kit-cosmos-mental/)
-la vidéo « Et toi, ça va ? » : https://www.youtube.com/watch?v=2YR8J1xqDNs
-https://www.santementale-info-service.fr/
-SAMU psychologique du 92 : https://raymondpoincare.aphp.fr/samu-92-smur/
-les conseils locaux en santé mentale (CLSM)
-les CCAS
-le CD92
-Psycom : https://www.psycom.org/
-n°3114 pour la prévention du suicide
-les ressources téléchargeables sur https://www.psycom.org/sinformer/
-https://www.pssmfrance.fr/
-formation « La communication positive » au CNFPT